Le chagrin des vivants d’Anna Hope

Titre original : Wake

Auteure : Anna Hope

Éditeur : Folio

Thématique : Historique, Première guerre mondiale

Parution : 17 août 2017

Prix : 8,20 €

Résumé : 

Durant les cinq premiers jours de novembre 1920, l’Angleterre attend l’arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France. Alors que le pays est en deuil et que tant d’hommes ont disparu, cette cérémonie d’hommage est bien plus qu’un simple symbole, elle recueille la peine d’une nation entière. À Londres, trois femmes vont vivre ces journées à leur manière. Evelyn, dont le fiancé a été tué et qui travaille au bureau des pensions de l’armée ; Ada, qui ne cesse d’apercevoir son fils pourtant tombé au front ; et Hettie, qui accompagne tous les soirs d’anciens soldats sur la piste du Hammer-smith Palais pour six pence la danse. Dans une ville peuplée d’hommes incapables de retrouver leur place au sein d’une société qui ne les comprend pas, rongés par les horreurs vécues, souvent mutiques, ces femmes cherchent l’équilibre entre la mémoire et la vie. Et lorsque les langues se délient, les cœurs s’apaisent.

Mon avis : 

J’ai trouvé ce roman dans une boîte à livre et il m’a directement donné envie. La couverture et le résumé m’attiraient, sans trop savoir pourquoi. Alors j’ai commencé ce roman et me suis laisser porter par ces trois jours de 1920 aux côtés de trois femmes que la guerre n’a pas épargnées.

« À présent, dans cette rue froide, elle prend conscience d’une chose. Que cette rencontre était ce qu’elle attendait, que quelqu’un partage sa vérité avec elle. Après quatre ans de guerre et encore deux ans d’anciens soldats, jour après jour, c’est ça qu’elle voulait, c’est ça qu’elle recherchait. La vérité de quelqu’un. Pas sa gaieté, ni sa bravoure, ni sa colère, ni ses mensonges. Et en quatre ans de guerre et deux ans de contrecoup, personne – ni Fraser ni son frère -, personne n’avait partagé sa vérité avec elle. »

Ce roman se découpe en cinq parties et plus exactement en cinq jours de novembre 1920 en Angleterre. Durant ces journées, nous suivons trois femmes qui ont chacune perdue quelqu’un à cause de la Première Guerre mondiale. Evelyn a perdu son fiancé, a retrouvé son frère qui n’est plus le même depuis la guerre et travail désormais dans les pensions pour les anciens soldats. Hettie vit avec sa mère et son frère que la guerre a totalement transformé et travail en tant que danseuse de compagnie au Palais. Ada a perdu son fils au front et ne surmonte toujours pas cette perte. En dehors de la guerre, elles n’ont rien en commun et ne sont pas vouées à se rencontrer. Pourtant, leurs vies et leurs proches ne vont pas cesser de se croiser. Entre moments de bonheur, de tristesse et de peur, elles vont continuer à vivre dans une Angleterre marqué par la guerre.

Le dernier jour, le jeudi 11 novembre 1920, le cercueil avec le soldat inconnu arrive à Londres et tous les habitants viennent lui rendre hommage. Dans cette cohue londonienne, chacun vient rendre hommage à un fils, un frère, un père et un ami perdu en voyant dans ce soldat inconnu, une personne qui leur est cher.

« Et quoiqu’on puisse en penser ou en dire, l’Angleterre n’a pas gagné cette guerre. Et l’Allemagne ne l’aurait pas gagnée non plus.
– Qu’est-ce que tu veux dire ?
– C’est la guerre qui gagne. Et elle continue à gagner, encore et toujours. »

Ce roman n’est pas des plus joyeux mais je l’ai trouvé très beau. Voir l’après-guerre à travers les yeux de trois femmes, c’est très intéressant et important. Elles n’ont pas vécu la guerre comme les soldats, mais elle les a marqués, que ce soit physiquement ou émotionnellement. Même après plusieurs années, la guerre a toujours un impact effroyable dans les vies des gens qui tentent de se reconstruire sans toujours y parvenir.

Hettie, Evelyn et Ada ne se connaissent pas et pourtant, d’une façon ou d’une autre, elles vont passer dans la vie de chacune sans s’en rendre compte. On passe d’une femme à l’autre mais pas uniquement. Il y a des passages qui retracent peu à peu la venue du soldat inconnu à travers les yeux de soldats, des hommes chargés de rapatrier le corps et des familles qui se trouvent sur le chemin.

Les passages ne sont pas toujours faciles à lire mais les trois femmes tentent de trouver la paix dans un contexte qui est loin d’être simple. J’ai vraiment bien aimé cette lecture et je suis ravie d’avoir lu ce roman, même si ça me fait un peu bizarre de dire ça vu qu’on parle des conséquences de la guerre. En tout cas, je vous recommande ce roman.